Des amis de Pierre Rabhi prennent la parole

Vous trouverez un communiqué de presse ainsi qu’une tribune signée par plusieurs dizaines de personnalités pour défendre Pierre Rabhi qui a fait l’objet d’attaques très virulentes dans certains médias et surtout sur les réseaux sociaux.

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Des amis de Pierre Rabhi prennent la parole 

Tribune publiée le 13/12/2021 sur le site de Reporterre  

https://reporterre.net/Des-amis-de-Pierre-Rabhi-prennent-la-parole 

Dans cette tribune, les compagnons de route de Pierre Rabhi ont tenu à réagir aux polémiques qui ont agité les réseaux sociaux à la mort du paysan. L’homophobie, le sexisme et le sectarisme qui lui ont été reprochés sont selon eux infondés. 

Dès l’annonce de son décès samedi 4 décembre, un torrent de boue s’est répandu sur le paysan philosophe Pierre Rabhi, sans même respecter une simple journée de deuil. Une acrimonie dont d’autres personnalités, parfois bien plus polémiques et dont l’engagement était bien moins humaniste, n’ont pourtant pas fait l’objet. Nous qui le connaissions bien, qui avons travaillé avec lui, qui l’avons côtoyé durant des années voire des décennies, nous avons été ahuris par la violence de ces attaques et par le décalage entre ce qui était dit et ce que nous connaissons de Pierre. 

Pierre Rabhi n’était pas parfait. Il était comme tout le monde. Ce que semble avoir (re)découvert une partie de la presse qui, après l’avoir exagérément porté au pinacle (contribuant à forger une image de « prophète » de l’écologie), se plaisait à l’égratigner ou à ne plus l’inviter, le trouvant moins fréquentable. Pourquoi ? Parce que des accusations en homophobie, en misogynie, en sectarisme et en enrichissement personnel couraient. Une enquête du Monde diplomatique, une dans Vanity Fair et un extrait d’un livre d’entretiens, resservis ad nauseam sur les réseaux sociaux, servent désormais de preuves à charge pour solder le cas Rabhi. Lui qui fut si souvent accusé d’être trop consensuel, ne l’est finalement plus du tout. 

Il ne s’agit pas ici de le défendre coûte que coûte. Nous sommes nombreux parmi les signataires de ce texte à avoir connu des désaccords avec Pierre. Et tant mieux. Les désaccords font grandir, pour qui se respecte. Il s’agit plutôt de rétablir des faits.

Commençons par l’accusation d’homophobie. 

Elle tient à une phrase extraite d’un livre d’entretiens avec Olivier Le Naire, Pierre Rabhi semeur d’espoirs (Actes Sud, 2013) : « je considère comme dangereuse pour l’avenir de l’humanité la validation de la « famille » homosexuelle alors que, par définition, cette relation est inféconde. ». Cette phrase, isolée de son contexte, est bien évidemment choquante à bien des égards pour qui se bat pour les droits des personnes LGBTQIA+. Nous sommes d’ailleurs un certain nombre à l’avoir été. 

Mais tout est (comme très souvent) dans le contexte. 

L’ouvrage paraît en plein débat sur le mariage pour tous. Pierre est donc interrogé sur le sujet. Lorsqu’on lit le passage en entier, on constate que cette phrase sert d’introduction à une réflexion sur la PMA. En disant maladroitement « la validation de la famille homosexuelle », il parle de la possibilité pour les couples de même sexe de faire usage de la PMA pour procréer. À aucun moment il ne juge l’homosexualité. Au contraire, puisqu’il dit quelques lignes plus haut : « Des personnes adultes de même sexe, attirées humainement et sexuellement entre elles, et désireuses de répondre à cette attirance, n’engagent que leur stricte responsabilité, en toute liberté. Que la société décide d’institutionnaliser ce phénomène ne me choque pas outre mesure, entre adultes consentants». Conviction qu’il réaffirmera clairement quelques années plus tard dans La convergence des consciences (Le Passeur, 2016) : « Les attaques portées contre telle ou telle communauté humaine, telle ou telle orientation sexuelle, sont des violences inutiles. Tousles hommes doivent être libres de leursinitiativessans avoir à supporterle regard ou la réprobation d’autrui. À cet égard, je pense qu’il ne faut pas porter de jugement moral ni édicter de censure. Je crois au contraire qu’il y a des espaces de vie où le respect doit seul l’emporter. Il en va de la liberté et de la responsabilité de chacun et, pour moi, le bonheur prime. »

Ses réserves exprimées sur la PMA en 2013 peuvent être considérées comme conservatrices ou rétrogrades, mais elles ne regardaient que lui (il n’a jamais participé à la moindre manifestation, à la moindre tribune pour promouvoir ce type d’idées) et n’étaient certainement pas homophobe. Comme la société, depuis 2013, Pierre Rabhi avait évolué sur ces sujets. Toujours dans Semeur d’espoirs, il en donnait une lecture intime : « Ce qui me pose problème, c’est que l’enfant innocent puisse être l’otage de partis pris. Moi qui ai été déchiré entre plusieurs familles, je ne vous dirai pas que cela a arrangé ma vie. Ça l’a compliquée et j’en garde une profonde blessure. » L’enfant algérien, orphelin de mère à l’âge de 4 ans, arraché à sa famille pour être confié à un couple de Français, projetait sa propre détresse d’enfant balloté à qui l’on n’avait pas laissé le choix. Comme de nombreuses personnes, Pierre Rabhi parle à partir de sa souffrance personnelle, de son histoire, que l’on peut lui reprocher de généraliser, tout en admettant être « un vulgaire et attardé conformiste » sur le sujet. Certes, Pierre Rabhi appartenait à une autre génération (il avait 75 ans à la publication du livre) et à bien des égards il ne comprenait pas certaines évolutions de la société. Mais cela ne fait pas de lui un homophobe pour autant. S’il l’avait été, nombre d’entre nous n’aurions pas pu être amis avec lui. D’ailleurs, lorsqu’il a eu vent de ces accusations à son égard, nous l’avons vu catastrophé qu’on ait pu croire qu’il pensait une chose pareille. Mortifié à l’idée que ses propos aient pu blesser, il a même passé des heures à échanger au téléphone avec des personnes homosexuelles heurtées par cette phrase sortie de son contexte. Pour autant, lui qui vivait hors de tout espace numérique, n’a pas pris conscience de la façon dont les réseaux sociaux pourraient amplifier la polémique et a sans doute eu le tort de ne pas avoir pris la parole officiellement pour s’excuser publiquement auprès de celles et ceux qu’il avait pu blesser. 

Concernant la soi-disant misogynie. 

Les accusations proviennent encore une fois d’une phrase extraite de son contexte sans explication. Dans une interview pour le magazine Kaizen le 28 mai 2018, répondant à une question sur l’égalité homme-femme, Pierre a dit : « Je crois qu’il ne faudrait pas exalter l’égalité. Je plaide plutôt pour une complémentarité : que la femme soit la femme, que l’homme soit l’homme et que l’amour les réunisse dans cette complémentarité. ». Lorsqu’il parle de « complémentarité » plutôt que « d’égalité », il s’inscrit dans une pensée de la diversité. Il avait aussi coutume de dire qu’il valait mieux chercher l’équité sociale que l’égalité, arguant qu’on ne pouvait véritablement être égaux dans un monde où la diversité nous dotait de qualités différentes, de circonstances différentes. Mais qu’il était possible d’atteindre l’équité. Il soulignait ainsi le fait que femmes et hommes étaient différents et que la complémentarité entre le féminin et le masculin était une richesse. À nouveau, dans un monde où le genre tend à être effacé, cette vision des choses peut choquer certains. Mais elle n’est en rien une forme de misogynie. Nous défions quiconque de trouver dans un propos de Pierre Rabhi l’expression d’un mépris pour les femmes. Au contraire, il n’a eu de cesse de dénoncer la subordination de la femme dans nos sociétés, comme dans Semeur d’espoirs, où il affirme: « Je souffre réellement de cette anomalie quasi universelle (l’inégalité homme-femme), et elle devrait être inscrite parmi les questions prioritaires à résoudre. Sous le poids des revendications de l’Europe occidentale, les choses n’ont pas mal évolué et je salue cette évolution, mais il reste beaucoup de progrès à réaliser dans de nombreux pays. Quand on fait le bilan, la subordination de la femme reste quand même une évidence. Et de manière globale, je considère qu’il faudrait se pencher plus sérieusement sur les rapports entre le féminin et le masculin. Ces deux éléments fondamentaux, complémentaires, président à la vie. On ne peut les séparer ou exclure l’un par rapport à l’autre »

Troisième accusation : l’anthroposophie et les dérives sectaires. 

À l’origine de cette attaque, un livre paru en 1938 : Fécondité de la terre de l’agronome allemand Ehrenfried Pfeiffer, présentant une méthode pour conserver ou rétablir la fertilité des sols. Comme Pierre l’a lui-même exprimé sur France Culture1, il a découvert cet ouvrage au moment où, jeune ouvrier agricole, ilsouhaitaits’affranchir des produits chimiques qu’il jugeait délétères. C’est avec cette lecture qu’il a saisi l’importance de la vie du sol. Or, il se trouve qu’Ehrenfried Pfeiffer était un disciple de Rudolph Steiner. Cela fait-il de tous ceux qui lisent la Fécondité de la terre et appliquent des méthodes biodynamiques sur leur terre des adeptes de l’anthroposophie ? Pas que nous sachions. Comme il l’a réaffirmé de nombreuses fois à la fin de sa vie, Pierre Rabhi n’était pas anthroposophe. Il n’est pas non plus ce grand propagateur de la biodynamie comme on le lit parfois.

1www.franceculture.fr/emissions/de-cause-a-effets-le-magazine-de-lenvironnement/la-voix-est-libre-avec-pierre rabhi

La biodynamie faisait partie de ses inspirations, au même titre que beaucoup d’autres pratiques. Son combat à lui, c’était l’agroécologie, qu’il a pratiqué dans sa propre ferme avant de l’enseigner, de la défendre et de la transmettre, notamment dans la bande sahélienne, pendant plus de 40 ans. Travail pour lequel il reçut le prix des Sciences Sociales Agricoles Michel Auge-Laribé, décerné par le ministère de l’Agriculture, en 1989 pour son ouvrage L’offrande au crépuscule (L’Harmattan, 1989). 

Face à ces accusations de sectarisme colportées par certains médias et personnes sur les réseaux sociaux, le mouvement Colibris a rencontré, en 2018 et à sa demande, la Miviludes, la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires. Cette dernière a convenu que le mouvement n’était pas sectaire2. Aussi injurieuses que puissent être ces insinuations pour Pierre lui-même, elles sont également désobligeantes pour nous, ses amis, partenaires et ex collaborateurs. Car faire de Pierre Rabhi un gourou, c’est faire de nous des disciples, des êtres soumis, sans discernement, en accord permanent avec un soi-disant maître à penser. Nous récusons cet état de fait. Nous sommes des êtres libres, dotés d’un esprit critique, simplement tombés en amitié avec une personne engagée et inspirante. Une parmi d’autres. 

Enfin quid du supposé enrichissement personnel du chantre de la sobriété heureuse. Suite aux accusations portées par le journaliste Jean-Baptiste Malet dans Le Monde diplomatique en 20183, Bernard Chevilliat, président du Fonds de dotation Pierre Rabhi a apporté des données chiffrées qui viennent contredire et corriger lesdites accusations4. Ce dont nous pouvons, là aussi, témoigner, c’est que Pierre a toujours vécu sobrement. Si après plus de 40 ans passés avec des revenus modestes, les ventes de livres ont apporté un subside plus confortable, est-ce quelque chose que l’on peut décemment lui reprocher ? Un best-seller ne se décrète pas, ne s’anticipe pas. Lissés sur 13 ans, pour éviter les pics annuels de revenus liés au succès d’un titre, les droits d’auteur ont rapporté à la famille Rabhi un revenu mensuel moyen de moins de 3500 € par mois. Même en ajoutant les revenus issus des conférences (à bas prix et dont la moitié étaient données à titre gratuit), on est loin d’un obscène enrichissement personnel. Chez les Rabhi pas de piscine, mais un bassin de rétention d’eau pour irriguer les cultures. Pas de Porsche ou de BMW, mais une Peugeot 308 et une 206, pas de compte en banque bien fourni non plus… Tous les journalistes venus interviewer Pierre dans sa ferme (et ils sont nombreux depuis toutes ces années) témoignent de la simplicité de son mode de vie. La toile regorge de ces témoignages. 

Nous le disions en introduction de cette tribune, notre démarche ne vise pas à faire de Pierre Rabhi un saint, un sage ou quoi que ce soit de cet acabit. Nul angélisme ou mièvrerie liés à sa disparition non plus (comme on peut tristement le lire sur les réseaux sociaux). Pierre était un homme comme les autres, avec ses défauts, ses qualités, ses contradictions, son engagement, ses limites. Mais il était notre ami et, alors qu’il n’est plus là pour se défendre, nous avons tenu à rétablir quelques faits. Libre, ensuite, à chacun de se faire sa propre opinion et de choisir l’image qu’il gardera de lui. Pour nous, ce sera celle d’un ami fidèle et généreux, qui a mis sa vie au service de la défense du monde vivant. 

2 colibris-lemouvement.org/colibris-et-accusations-derives-sectaires 

3 www.monde-diplomatique.fr/2018/08/MALET/58981 

4 www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Beaucoup-bruit-rien-defense-chiffree-factuelle-Pierre-Rabhi-2018- 09-27-1200972009

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Signataires, par ordre alphabétique 

Fanny Agostini (journaliste) – Karima Alaoui Caroline Allain-Bourret (coordinatrice du Fonds de Dotation Pierre Rabhi) -Josette Amor (amie) –Yann Arthus Bertrand (Président de la Fondation Good Planet) – Lionel Astruc (écrivain, journaliste) – Anne-Sylvie Bameule (directrice du département Arts, Nature et Société d’Actes Sud) – Clotilde Bato (dirigeante d’ONG) – Sandrine Bélier (directrice d’Humanité et Biodiversité) – Juliette Binoche (actrice) – Jean-Joseph Boillot (économiste) – Gildas Bonnel (entrepreneur) – Frédéric Bordage (expert en sobriété numérique) – Patrick Bourdil (administrateur Terre & Humanisme) –Lydia et Claude Bourguignon (microbiologistes des sols et fondateurs du LAMS) – Pierre Henri Bouyer (urbaniste) – Dominique Brunet (paysan, co-président du Réseau des AgroÉcologistes Sans Frontière) – Pierre Buchberger (paysan) – Jean-Paul Capitani (Président du conseil de surveillance des éditions Actes Sud) Françoise Castany (avocate) – Emmanuelle Chartoire (journaliste) – Edouard Chaulet (maire de Barjac) – Denis Cheissoux (producteur de radio) – Alain Chevillat (fondateur et directeur de l’Université A Ciel Ouvert) – Evelyne Chevillat (directrice de la revue Sources) – Bernard Chevilliat (fondateur de Melvita, journaliste, Président du Fonds Pierre Rabhi) – Mathilde Clemont (simple citoyenne active) – Patrice de Colmont (chef d’entreprise) – Robert Combe (cuisinier du bien manger) – Valérie Corduant (animatrice en agroécologie) – Lucile Cornet Vernet (fondatrice de l’ONG La Maison de l’Artemisia) – Gregory David (coordinateur de Colibris le Mag) – Eric de Kermel (écrivain) – Marc de la Ménardière (réalisateur) – Maxime de Rostolan (entrepreneur) – Olivier de Schutter (ancien Rapporteur spécial de l’ONU sur le droit à l’alimentation (2008- 2014)- Laetitia Delahaies (coordinatrice stratégique du Mouvement Colibris) – Vanessa Delarosière (administratrice Terre & Humanisme) – Philippe Desbrosses (ami, pionnier de l’agriculture biologique en Europe) – Isabelle Desplats (formatrice, co-fondatrice du mouvement Colibris) – Erica Deuber Ziegler (historienne de l’art) – Damien Deville (colibri) – Cyril Dion (écrivain, réalisateur, poète et militant écologiste) – Fettouma Djerrari Benabdenbi (co fondatrice de Terre & Humanisme Maroc) – Clément Doche (jardinier formateur) – Emmanuel Druon (entrepreneur, auteur, conférencier)  – Juliette Duquesne (journaliste Carnets d’alerte) – Yoann Duriaux (arboriste grimpeur) – Claire Eggermont (auteur, journaliste) – Dominique Eraud (docteur, co-présidente de l’ONG Solidarité Homéopathie) Dominique Favario (Président Festival Livres en Marche) – Alex Ferrini (réalisateur) – Nicolas Fouilleul – Maurice Freund (Président de Point-Afrique) – Lise Gallois – Isabelle Ganiko (naturopathe, consultante pour la Fondation Pierre Rabhi) – Brigitte Gardet (ancienne administratrice Terre & Humanisme) – Beatrix Geais-Detours (coordinatrice RH du Mouvement Colibris) – Isabelle Gentilhomme (coordinatrice communication du Mouvement Colibris) Ananda Guillet (Président de Kokopelli) – Marie-Louise Gourdon ((commissaire du Festival du livre de Mouans-Saroux, Maire-adjointe  de la ville) – Francis Hallé (botaniste et biologiste) – Olivier Hébrard (agroécologiste, Dr ès Sciences) – Perrine Herve Gruyer (fondatrice de la Ferme du Bec Hellouin) – Charles Herve Gruyer (paysan, Ferme du Bec Hellouin) – Hélène Hollard (formatrice en agroécologie) – André Huber (agronome) – Marguerite Kardos (linguiste-orientaliste) – Mathieu Labonne (Président de la Coopérative Oasis) – Denis Lafay (journaliste et auteur) – OlivierLe Naire (journaliste et essayiste) – Erwan Lecoeur (sociologue) – Tristan Lecomte (entrepreneur social) – Amalia Legros – Françoise et François Lemarchand (Colibris) – Benoit Liotard (administrateur Terre & Humanisme, entrepreneur social) Blanche Magarinos-Rey (avocate) – Marianne Mamou (ex-Colibris) – Ève Marcorelles (paysanne tisanière)- Didier Meunier (agroécologiste sans frontière) – Les moniales du Monastère de Solan – Céline Morel (ancienne directrice communication de Colibris) – Vincent Munier (photographe naturaliste) – Jean-Pierre Muyard (psychiatre, cofondateur du « Village de Fraisse ») – Anne-Sophie Novel (journaliste, auteure et réalisatrice) – Françoise Nyssen (Présidente du directoire d’Actes Sud et ancienne ministre de la culture) Serge Orru – Ole Osterman (chercheur écologue) – PatrickOudin (entrepreneur mécène) – Benoit Ouedraogo Hamidou (ancien Secrétaire Général du Ministère de la Question Paysanne  et Représentant Ashoka au Burkina Faso) – Hervé Ozil (ami) – Sophie Patey (attachée de presse) – Isabelle Peloux (fondatrice de l’école du Colibri) – Alain Péricard (ancien journaliste et professeur adjoint Université McGill, Montréal) – Didier Perréol (entrepreneur fondateur Ekibio) – Marina Poiroux (Directrice Fondation Léa Nature 1% Planète) – Emma Pometan (attachée de presse) – Nelly Pons (auteure) – Karim Rahal (professeur universitaire en Algérie) – Sabah Rahmani (rédactrice en chef adjointe de Kaizen) – Jean Daniel Rey (enseignant, ancien collaborateur de Pierre Rabhi) – Jean-François Rial (Entrepreneur) – Mathieu Ricard (moine bouddhiste, humanitaire, auteur et photographe) Marie-Monique Robin (réalisatrice et écrivaine) – Jacques Rocher – Arlette Rohmer (fondatrice co-gérante « les Jardins de Gaïa ») – Frédéric Roux (nouvel agriculteur) – Virginie Sanchez (coordinatrice formation, Terre & Humanisme) – François Sarano (océanographe) – Leïla Schahid (ex-ambassadrice de Palestine auprès de l’Union Européenne) – Hans Silvester (photographe) – Véronique Subileau (DRH) – Max Tortel (chef d’entreprise indépendant depuis plus de 30 ans) – Virginie Toussaint (chargée de projet ONG) – David Vandromme (artisan) – Françoise Vernet (Présidente de Terre & Humanisme, ex directrice de la Fondation Pierre  Rabhi) – Jacqueline Warnet (gastroentérologue) – Zaz (chanteuse) – Jean Ziegler (sociologue, ancien rapporteur spécial auprès de l’ONU)

                                             

                                                                                      Communiqué de presse  

                                 Lundi 13 décembre 2021  

  PIERRE RABHI EST PARTI, IL A OUVERT UNE VOIE  

La cérémonie funéraire de Pierre Rabhi a eu lieu vendredi 11 décembre 2021 aux Amanins (26)  

 

« Il nous faudra bien répondre à notre vocation qui n’est pas de produire et de consommer sans  fin,

mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes. » – Pierre Rabhi  

La cérémonie pour honorer la vie et le départ de Pierre Rabhi a eu lieu vendredi dernier, 10  décembre 2021. Sa famille, ses amis et ses compagnons de route se sont réunis dans  l’intimité aux Amanins (Drôme), un centre agroécologique qu’il avait contribué à faire naître.  Pierre Rabhi nous quitte mais il restera toujours là : il a ouvert une voie, celle de l’espoir en  une civilisation qui repose sur les fondements de l’amour, la beauté, l’équité, l’harmonie avec  la nature et la « sobriété heureuse ». On le connaît comme l’un des pionniers de  l’agroécologie, il est aussi celui de la réconciliation des peuples par l’acceptation de la  complexité et du non-jugement.  

 

Sortir du système imposé  

C’est son acte politique et audacieux de quitter la ville et l’usine  pour oser l’aventure du retour à la nature qui, à l’origine, a fait connaître Pierre Rabhi. Qui était donc ce petit homme venu du  désert qui défiait avec sa femme Michèle la loi sociale et  économique du moment ? Un homme simple qui croyait en l’intelligence contenue toute entière dans une graine et qui relie toute chose. Un homme qui avait le désir d’ancrer et d’aligner sa vie sur cette intelligence et toute l’abondance qu’elle recèle.  

Se mettre au service de la Terre 

De l’Ardèche au Sahara, il saura redonner vie aux terres les plus pauvres. Le paysan philosophe a  inspiré de nombreuses actions et consciences au service de l’agroécologie érigée en philosophie  de vie. Il aspirait ainsi à semer les graines des « utopies concrètes », à créer des « oasis en tous  lieux », où chacun fait « sa part de colibri », afin que chacun devienne plus autonome et plus  solidaire sans pour autant empoisonner la terre. Ses différentes initiatives ou créations – notamment celles de Terre & Humanisme ou des Agroécologistes sans frontières – ont permis de  former un nombre important de personnes à l’agroécologie dans le monde.  

Réconcilier l’homme avec la nature 

Son regard, parfois intransigeant, ne jugeait personne, ne fustigeait aucune minorité ethnique ni  aucune orientation sexuelle. Fervent défenseur du féminin, il avait à cœur de dépasser la pensée  binaire, pour mieux dévoiler la vie dans sa diversité. Diversité naturelle et diversité culturelle. Élevé  dans sa prime enfance dans une famille musulmane, puis confié à une famille chrétienne, avant de  s’émanciper plus tard de tout dogmatisme, il a su déjouer les pièges des contradictions de  l’apparence pour plonger dans les profondeurs d’une identité libre, sans rien rejeter de ses racines  multiples. Il encourageait ainsi les voies de la réconciliation avec toutes les parts de nous-mêmes,  et avec tous les peuples. Refusant les avatars sombres de la modernité, il aimait valoriser les  cultures autochtones pour leurs sagesses millénaires, respectueuses de toute forme de vie.  

« Nous devons d’abord nous transformer avant de vouloir transformer le monde », répétait  volontiers Pierre. « Les polémiques indignes et ineptes qui ont pu polluer sa mort nous  révulsent tant elles sont viciées ou fausses, tant elles sont loin de l’homme que nous avons  intimement connu. Elles disent à tout le moins beaucoup de l’intolérance et de l’agressivité  d’une époque que cet enfant du désert, amoureux de la nature vierge et de la simplicité,  n’aimait décidément guère. » Bernard CHEVILLIAT, Président du Fonds de Dotation Pierre Rabhi  

Lire à ce sujet la tribune signée par plus de 100 personnes « Non, Pierre Rabhi n’était ni  homophobe, ni misogyne, ni gourou » publiée ce jour sur : www.reporterre.net/24148 

A propos du Fonds de dotation Pierre Rabhi – Créé en 2013, le Fonds de Dotation Pierre Rabhi a pour  vocation de promouvoir et développer des centres de formation aux techniques agroécologiques, de créer et  transformer des lieux de vie écologiques et d’apporter une assistance opérationnelle pour préserver la biodiversité et l’environnement.  

Grâce aux dons et legs qu’il reçoit, le Fonds de dotation Pierre Rabhi accompagne de nombreux projets en  France, au Maroc (financement du Carrefour des Initiatives et des Pratiques Agroécologiques en 2015), au  cœur du Burkina et du Mali, à Agadez et Arlit au Niger ou en Mauritanie, au cœur de l’Adrar, dans le village  saharien de Maaden, où Pierre Rabhi s’est rendu en janvier 2019 : https://www.fonds-pierre-rabhi.org 

 

Contact Presse :  

Xavière Bourbonnaud 

xaviere@lagencenouvelleculture.fr  

                               06 67 05 75 79