Ce qui manque en terre Diné, c’est l’eau – Radio France
Nous partons aux Etats-Unis, dans le grand ouest où les Amérindiens veulent assigner l’état américain devant la cour Suprême, réunie cette semaine.
Cette histoire débute il y a un peu plus de 150 ans, au moment où les peuples natifs américains sont chassés de leurs territoires que les colons veulent exploiter. Il y a les terres arables, les mines, le sous-sol si riche. L’Etat américain a alors signé un accord avec la Nation Navajo,la plus grande des tribus d’Amérique – pour l’installer ailleurs, dans une réserve. En échange, l’Etat promet aux Navajos que ce territoire grand de 71 000 km², entre l’Arizona, l’Utah et le nouveau Mexique soit une « patrie permanente », un endroit où la tribu pourra toujours vivre. Une promesse qui, selon la tribu navajo, implique que l’état donne aux autochtones les moyens de leur existence, à commencer par l’accès à la terre et à l’eau.
Et c’est là que le bât blesse : ce qui manque, c’est l’eau.
Les niveaux du fleuve Colorado ont atteint des niveaux terriblement bas. A travers la réserve où vivent 175 000 personnes, on estime qu’une maison sur trois seulement a de l’eau courante. Et c’est notamment ce manque d’accès à l’eau qui est responsable de l’énorme mortalité pendant l’épidémie de Covid, tant il était tout simplement impossible de se laver les mains. Or cela fait déjà 20 ans qu’une sécheresse terrible assèche le Colorado, ressource cruciale pour 40 millions d’Américains. Sept états dépendent de son approvisionnement en eau. Le gouvernement américain leur demande déjà de réduire d’un quart leur consommation. Et dans ce contexte, ils estiment que fournir davantage d’eau aux Navajos mettrait en péril tout leur secteur agricole et industriel.
Les Navajos en appellent à la Cour Suprême.
Pour obliger, disent-ils, le gouvernement à tenir l’engagement contenu dans les traités signés avec les tribus il y a un siècle et demi, plutôt que de fournir en priorité les autres états. Et ils sont très en colère contre Joe Biden, qui avait pourtant fait de grande promesses aux populations natives pendant sa campagne électorale. Et ce sont bien pour beaucoup les voix des navajos qui ont fait basculer l’Arizona dans l’escarcelle démocrates, et permis son élection. Joe Biden a tenu certaines de ses promesses, lancé des projets, dégagé des budgets notamment dans le domaine de la santé, pour les tribus autochtones. Il a aussi nommé une amérindienne, Deb Haaland, secrétaire à l’Intérieur. Un poste qui était alors occupé par un proche de Donald Trump, lobbyste déterminé à laisser les compagnies minières et pétrolières piller les terres indiennes.
Mais sur la question de l’eau, Joe Biden se montre, pour l’heure inflexible
La cour suprême doit donc examiner si oui ou non, les Navajos ont le droit d’assigner l’état en justice. Je vous passe les subtilités législatives américaines, trop complexes à expliquer ici, mais si la cour suprême leur donne raison, cela aurait des conséquences en chaine, puisque d’autres tribus pourraient à leur tour emboiter le pas aux Navajos, mettant l’état américain dans une situation inextricable.